Dans nos sociétés en profonde mutation, l’école est confrontée aujourd’hui à de multiples défis qui l’obligent à se réinventer. Le projet « Ecole de Tous » tente de répondre à ces nombreux défis. Parmi ceux-ci, cinq d’entre eux, considérés comme majeurs, ont été retenus ci-après afin de pouvoir décrire de manière synthétique, à travers les réponses qu’apporte l’Ecole de Tous à ceux-ci, les caractéristiques essentielles de l’Ecole de Tous.
Jamais nos villes n’ont connu une population scolaire aussi diverse dans son vécu social, économique, culturel, confessionnel, ethnique,… Pour l’Ecole de Tous, cette diversité n’est pas un problème, elle est un fait qu’il faut intégrer dans le projet pédagogique. Cette hétérogénéité de la population scolaire, reflet de la société actuelle, s’impose dans l’école. L’Ecole de Tous, estimant cette diversité souhaitable veut faire de cette diversité un outil pédagogique. Dans le cadre de cette diversité, l’enfant porteur de handicap a également pleinement sa place dans l’Ecole de Tous. La dimension inclusive de cette école est, aux yeux des auteurs du projet, une composante fondamentale de celui-ci.
En réponse à ce défi de la diversité de la population scolaire, l’Ecole de Tous s’appuie sur trois grands axes pédagogiques :
Ces réponses pédagogiques ont de nombreux impacts sur les aspects concrets du projet. Parmi les principaux impacts, citons en deux. Elles exigent une formation et un accompagnement des enseignants s’inscrivant dans le projet. Elles permettent de travailler par classes de niveau (2 années dans la même classe) système prôné par l’Ecole de Tous pour plusieurs raisons pédagogiques et éducatives.
Le modèle classique de l’école (externat) est encore aujourd’hui un lieu d’enseignement et d’apprentissage qui s’ouvre vers 08h00 du matin pour se refermer vers 16h00.
Dans bien des cas, ce modèle ne cadre plus avec le vécu socio-économique des familles. De nombreuses familles ne peuvent s’occuper de leurs enfants durant l’entièreté de la plage de temps non scolaire vu les heures consacrées au travail et aux déplacements vers le lieu de travail. Le problème est souvent encore plus aigu dans les familles monoparentales. En outre, l’origine des parents, leur difficulté à maîtriser la langue de l’enseignement, la distance culturelle qui les sépare de l’école, les conditions de logement, particulièrement en milieu urbain, ne leur permettent pas d’offrir à leurs enfants le soutien souhaitable dans leurs apprentissages, ne fusse qu’un espace satisfaisant au sein de la cellule familiale pour leurs activités extrascolaires (travail, lecture, loisir, réflexion,…)
En outre ce temps scolaire ne permet pas à l’école d’assumer l’ensemble du rôle éducatif qu’on lui demande d’assurer aujourd’hui, notamment en ce qui concerne l’apprentissage du vivre ensemble et l’élaboration progressive du socle de valeurs communes au sein de la communauté d’enfants.
Face à ce constat, l’Ecole de Tous est une « demi-pension », ouverte de 07h00 du matin à 18h00. Dans cette plage horaire considérablement élargie se développent des activités scolaires (obligatoires) et parascolaires (obligatoires entre deux plages de temps scolaire et facultatives avant le premier temps scolaire et après le dernier). L’école, au sein de laquelle le volet éducatif est considérablement renforcé, devient un lieu de vie, d’apprentissage du vivre-ensemble, construisant son socle de valeurs communes.
Ici également, cette réponse induit des impacts très importants sur le projet d’école, notamment en terme de projet éducatif, d’acteurs et de locaux exigés par le volet parascolaire.
Aujourd’hui, dans l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sur 100 enfants entrant en 1ère maternelle, moins de 20 se retrouveront 14 ans plus tard, au terme d’un parcours sans accroc, en 6e secondaire de l’enseignement général. Tous les autres auront connu soit un redoublement, soit une orientation vers une autre filière. Cette réorientation n’est, dans certains cas, pas négative en soi mais, vu la manière dont le système l’organise, elle est vécue dans la plupart des cas comme une relégation, un échec. En outre, vu l’âge auquel le système l’organise, cette orientation résulte dans bien peu de cas du choix autonome et mature de l’enfant. Plus de 80% des jeunes vivent au cours de leur parcours scolaire un sentiment d’échec ou d’absence de sens.
Face à ce défi, l’Ecole de Tous prône résolument l’organisation d’un tronc commun se déployant sur 10 années (de la 1ère primaire à la 3ème secondaire) réparties en 5 classes de degré. Ce tronc commun comprend, outre une formation générale, des volets polytechnique, sportif , artistique et culturel.
Depuis 30 ans, le métier de l’enseignant est en mutation profonde et ce sous plusieurs aspects :
L’Ecole de Tous est persuadée que le centre de gravité du métier d’enseignant se déplace : il doit accepter de jouer un moindre rôle dans la transmission des connaissances et voir son rôle accru dans l’accompagnement des apprentissages en vue de l’intégration des connaissances dans des savoirs. Dans cette mutation, les outils pédagogiques informatiques vont jouer un rôle croissant notamment par leur faculté d’adaptation au rythme d’apprentissage de chaque élève. L’Ecole de Tous veut accompagner les enseignants dans cette mutation.
L’Ecole de Tous repose sur une équipe éducative qui assume collectivement et solidairement la responsabilité de la réussite de l’enfant. Ceci ne peut se faire sans une solidarité des membres de l’équipe dans le travail, leur volonté de travailler ensemble l’un sous le regard de l’autre, la recherche commune des meilleures pratiques.
Or, la division actuelle de l’espace-temps de travail des enseignants qui limite leur temps de travail à l’école principalement aux heures de présence en classe, qui ne met pas à disposition un espace convenable pour le travail individuel et en équipe, entraine une approche individuelle, voire solitaire, du travail de l’enseignant contre laquelle l’Ecole de Tous s’insurge.
Aussi, une nouvelle organisation de l’espace-temps de travail de l’équipe enseignante et éducative est proposée. Elle repose sur :